Trop isolé, c’est pas bon !

Publié le par Zeebergh-Ruol-Gysemans

« Trop isolé, c’est pas bon ! »

 Ou comment fonctionne la maison passive.

Tout a commencé avec les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979. L’homme occidental se rend soudainement compte que l’énergie a un prix.  Ces années voient débarquer dans les grandes surfaces  un grand nombre de bricoleurs du dimanche qui, à grand coup de laine de verre, isolent leur toit et autres murs intérieurs….. Et se retrouvent bien vite avec des problèmes d’humidités et de moisissures… Développant une idée bien ancrée dans la mentalité belge : « Trop isolé, c’est pas bon ! Une maison, faut que ça respire ! »

Mais pendant que les amateurs faisaient n’importe quoi, des professionnels réfléchissaient sérieusement au problème.

Suédois, Danois, Allemands travaillaient à l’isolation, la ventilation, l’étanchéité.

Découvrant que les problèmes d’humidité et de moisissures résultaient des différences de températures, ces concepteurs prônèrent tout simplement de mettre en place une isolation continue : pas la moindre fissure dans l’isolant, pas la moindre rupture. Tous les murs ayant partout la même température, plus de raisons d’avoir à un endroit particulier une condensation, donc un amas d’eau, donc des champignons. De plus, en mettant suffisamment d’isolant, on peut s’assurer de ne jamais atteindre le fameux « point de rosée », autour des 14°,  le point où la vapeur d’eau se condensera : pas de mur en-dessous de 15°, pas de champignon !

Le plus simple évidemment alors, est d’isoler par l’extérieur. L’isolation ne butera jamais sur les murs intérieurs ne créant pas de pont thermique, de différence de température

D’où la difficulté  de rénover passif : ré-isoler par l’extérieur des bâtiments n’est pas simple et ré-isoler par l’intérieur créera forcément  (pour causes notamment de murs internes) des différences de températures et des ponts thermiques.

Néanmoins à ce sujet aussi une expertise se met en place et des recherches se font, donc de plus en plus de gens estiment que c’est possible.

Voilà pour l’humidité.

Mais on n’est pas encore à la maison passive : mettre une grosse couche d’isolant à l’extérieur ne suffit pas. Le bâtiment peut continuer à perdre beaucoup de chaleur à cause des échanges air-air.  Un radiateur chauffe l’air autour de lui, ainsi petit à petit, il chauffe tout l’air de la pièce….. dont une bonne partie  ira à l’extérieur par tous les petits trous et fissures (tour des fenêtres et autres) mais aussi au travers des matériaux (vitrages, mais aussi murs… un mur n’est pas étanche à l’air, il se fait, au travers de lui,  un échange entre l’air intérieur et extérieur, c’est minime, mais c’est existant.)

Il faut donc créer un bâtiment qui n’échangera plus d’air avec l’extérieur : un bâtiment étanche.

On installe donc une membrane étanche de différents types (chez nous, c’est le plafonnage qui assurera cette étanchéité) et on apporte un soin tout particulier à tout ce qui peut créer une fuite (tour de fenêtres, saignées électriques, et autres raccords) en installant à chaque fois des membranes étanches (durant  tout le temps de la construction, le propriétaire de la maison passive se balade avec un grand rouleau de scotch étanche à la main J )

Reste à respirer dans ce type de maison ! J

On a beau prendre le problème dans  tous les sens : l’être humain a besoin d’air frais ! De plus, en vivant dans une maison, l’être humain y crée de l’humidité : notre fameuse transpiration, combattue à coup d’antiperspirant mais toujours présente, la respiration (l’être humain rejette du gaz carbonique),  mais surtout, les douches que l’on prend et les plats que l’on cuisine.

Bref, pour ne pas mourir asphyxié et noyé,  il faut amener de l’air frais et évacuer humidité et air vicié.  

Dans une maison normale, on ouvre les fenêtres (et on perd toute la chaleur) et on compte sur la mauvaises réalisation de la construction (l’air se renouvellera par les trous et les matériaux peu isolés, et on perd encore pas mal de chaleur).

Alors comment aérer sans perdre la chaleur ?

En utilisant une VMC à récupération de chaleur : une ventilation mécanique contrôlée à récupération de chaleur.

On ne va plus compter sur les trous du bâtiment (qui en plus de perdre la chaleur ne ventile pas forcément toutes les pièces suffisamment) ni sur l’ouverture anarchique des fenêtres, on va contrôler l’apport et le rejet d’air.

On va prendre de l’air à l’extérieur, l’amener dans toutes les pièces via un réseau de tuyaux (dans les faux-plafonds, par exemple) et de bouches d’air : certaines bouches vont insuffler dans les pièces  l’air venu de l’extérieur et d’autres vont extraire l’air présent dans la pièce, air vicié et chargé d’humidité qui va être rejeté au dehors via d’autres tuyaux. Et -idée de génie-  tous ces tuyaux vont passer par le même « boitier », le même système : un échangeur de chaleur où l’air qui sort de la maison va réchauffer l’air qui vient de l’extérieur et qui entre dans la maison. Attention, les flux ne se mélangent pas ! (Sinon, ça sert à rien !  J ).

Je trouvais ça magique, jusqu’à ce que je pense au principe du bain marie : vous savez, vous plongez une boite de conserve  dans de l’eau chaude et… sans que votre cassoulet toulousain ne se mélange à l’eau, il devient chaud.

Avec un peu de dédain, les techniciens m’assurent que c’est un peu plus compliqué que ça,

Aussi, quand on installera la VMC chez nous, on la fera ouvrir et on vous en montrera l’intérieur J

En attendant, sachez que dans beaucoup de modèles, il ya des lamelles de métal thermiquement très conductrices qui amènent la chaleur de l’air sortant à l’air entrant…

Ca y est,  vous avez le principe de la  maison passive.

Christine RUOL

Journaliste

Publié dans Techniques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
bonjour,<br /> <br /> je suis vos commentaires avec intérêt à la radio. Je trouve cependant qu'à un moment ou un autre, vous auriez pu mentionner le nom de l'architecte. Par ailleurs, il serait également intéressant pour les amateurs d'une telle construction de savoir avec quels types d'entreprises vous travaillez (entreprise générale, séparée, éventuellement lesquelles...)<br /> merci et bonne construction!
Répondre